Witchthroat Serpent - Sang Dragon | Review


Witchthroat Serpent est un groupe de stoner doom français qui est bien décidé à se tailler une place de choix sur cette (petite) scène française, mais aussi à l’international. Oui, parce qu’avec "Sang Dragon" ils signent un album d’une rare qualité qui sent l’occultisme à plein nez ; un peu dans la veine des derniers albums des maîtres du genre – selon moi, bien sûr – les anglais d’Electric Wizard.

Sang-Dragon, du stoner occulte savamment maîtrisé


"Sang Dragon" s’ouvre sur un morceau instrumental, qui pose tout de suite l’ambiance de cet album. Il nous pousse même à aller allumer un bâtonnet d’encens dont la fumée viendra envahir votre pièce ; et il ne faut surtout pas ouvrir les fenêtres pour l’évacuer bien au contraire, il faut être dans une sorte de brume mystique et respirer les émanations pour être bien dedans… Passé ces quelques minutes, on attaque avec ‘A Caw Rise From My Guts’ qui nous montre bien que nous avons à faire à du bon doom teinté d’occultisme, les guitares sont lourdes, sales et grasses, la voix de Fredrik Bolzann - un brin plus subtile que celle de Jus Oborn - colle à merveille. On se laisse aisément bercé par cette ambiance si particulière. ‘Siberian Mist’ prolonge cet effet avec intro « wah-wah » hypnotique avant de faire cracher la fuzz : la batterie puissante nous fait bouger la tête du haut vers le bas de manière naturelle. Le solo est parfait, juste ce qu’il faut pour nous hypnotiser durant quelques dizaines de secondes…

‘Lady Sally’ est pour moi la pièce maîtresse de "Sang Dragon" en nous plongeant dès les premières secondes dans un gros riff bien gras, le tout supervisé par une basse et une batterie qui vous cogne derrière la tête ; un peu à la manière du titre ‘I Am Nothing’ du Sorcier Electrique. Et le pire dans tout ça, c’est que le morceau suivant ‘Into the Black Woods’ se veut encore plus agressif et plus violent : le passage ou le morceau prend un tempo plus rapide pendant que Bolzann hurle est absolument dantesque. Ces deux titres sont sans nul doute les plus « doom » de cet album par leur aspect brut(al) et ce côté nihiliste. Ma connaissance du stoner-doom est surtout cantonnée à Electric Wizard, mais je dois dire que les gars de Witchthroat Serpent donnent une petite leçon aux anglais avec leur approche. On quitte un peu cette grosse dose de bon doom pour revenir par la case « doom occulte » avec les deux derniers morceaux de l’album que sont ‘Behind Green Eyes’ et ‘Mystical Devotee’ : le premier nous remontre toute l’aisance du groupe à nous balancer des solos qui font planer tandis que le second reprend ce doom sale qui prend une toute autre ampleur lorsque le Bolzann se trouve secondé dans ses incantations. Et puis vient le malheureux constat que l’album est déjà terminé, on en redemande et c’est ainsi qu’on l’écoute une seconde fois, avant la troisième et les suivantes…

Que faut-il en retenir ?


Sans vouloir faire de préférence nationale, on peut facilement dire que Witchthroat Serpent va se tailler une place de choix dans tous les « stoneurs-doomeux » de la planète avec un album de cette qualité. Certes, "Sang Dragon" ne réinvente pas le stoner-doom, mais il le fait avec une telle élégance qu’il deviendra – avec le temps – l’une des références aux côtés des grands.

PS: Mention spéciale à cette pochette qui est absolument sublime.