MARGARITA WITCH CULT - MARGARITA WITCH CULT

 


Celui-ci, cela fait quelques mois qu’il est stocké dans un coin, et qu’il était grand temps que je le chronique. Le temps file vite, surtout quand les sorties s’entassent et que l’on veut essayer de parler de tout. On pourrait pratiquement publier cinq articles par semaine qu’on en manquerait encore. Il faut savoir sélectionner, mais parfois cela devient coupable quand on a un tel disque dans les mains et que l’on n’en fait rien.

Derrière l’étrange patronyme de Margarita Witch Cult se cache un trio de Birmingham dans le Nord de l’Angleterre. Un groupe de doom-metal provenant de la ville qui a vu naître deux des maîtres du heavy-metal (Black Sabbath et Judas Priest), voilà qui a de quoi titillé la curiosité. Oh ! Birmingham n’est plus la ville industrielle qu’elle fut, la plupart des usines ayant fermé dans les années 1980 grâce à Margaret Thatcher et ses successeurs. Birmingham reste cependant une ville assez sinistre, justement car elle est dévastée par le chômage et la misère, mais aussi le racisme, les rares qui réussissent étant souvent d’origine afghane ou pakistanaise et se sont lancés dans le commerce et l’informatique.

La ville conserve toutefois son aura particulière de ville dure et de foyer historique du heavy-metal ouvrier qui cogne. Et à l’écoute de ce premier album de Margarita Witch Cult, il semble effectivement que quelques chose coule encore dans les veines d’une partie de ses habitants.


Margarita Witch Cult, le retour du doom dans sa ville natale

Le trio a été composé par trois marginaux de la scène rock, des fans de Black Sabbath pour sûr, mais aussi de tout un tas de formations proto-heavy comme Blue Cheer, Stooges, et Budgie. A cela s’ajoute Uncle Acid And The Deadbeats pour le chant doublé à la Beatles, Pentagram et Orchid pour le côté doom vintage. Scott Vincent tient la guitare et le chant, George Casual la batterie, et Jim Thing la basse. Leur démo nommée judicieusement Witchfinder sort en 2022, et la presse musicale anglaise frétille à son écoute. Voilà un groupe qui semble avoir rapidement compris beaucoup de choses, et sait manier les influences dans son son tout en créant une musique nouvelle et enthousiasmante. La démo est un enregistrement des plus bruts, mais déjà très efficace, avec deux titres solides : « The Witchfinder Comes » et « Aradia ».

Il restait à confirmer cet état de fait, et voilà donc leur premier album. Les progrès en termes de son sont évidemment flagrants : Margarita Witch Cult bénéficie d’un son puissant et riche. Depuis un an également, le trio s’est fait la main en concerts, et a commencé à faire parler de lui en faisant vibrer les murs des clubs britanniques qui leur permettra d’accéder à l’affiche du Deserfest London 2023, ainsi qu’une signature chez Heavy Psych Sounds dans la foulée.


Que faut-il en retenir ?

Le disque débute par un titre très Uncle Acid nommé « Diabolical Influence ». On a beau connaître la formule par coeur, elle marche à tous les coups, pour peu que l’interprète soit évidemment à la hauteur du riff magique qui fait tout. La rythmique est ample, le jeu de basse de Jim Thing ronfle derrière la guitare, qui rugit avec un côté croustillant si plaisant, légèrement vintage. Margarita Witch Cult ne fait pas uniquement dans le tempo ou le mid-tempo pachydermique. Ils savent aussi speeder. Et c’est ce qui les rend si intéressants. Le communiqué de presse évoque un côté thrash, disons que l’on pense davantage à quelque chose entre la New Wave Of British Heavy-Metal et l’approche punk hardcore que l’on pouvait trouver autant dans The Obsessed que Saint-Vitus. « Death Lurks At Every Turn » en est une première démonstration.

« The Witchfinder Comes » de la démo est recyclé, et enregistré avec une vraie puissance de feu. Ce titre est obsédant grâce à son riff entêtant et sa ligne de chant incantatoire. Là encore, la chose respire la simplicité, mais le toucher des trois rend la chose irrésistible. « Aradia » sera également du voyage un peu plus loin sur le disque, et bénéficie enfin de l’ampleur dont ce titre avait tant besoin pour donner sa pleine expression heavy. Le batteur George Casual offre un jeu souple et groovy très agréable tout en ne négligeant pas la force.

« Be My Witch » est un des morceaux les plus retors, lorgnant du côté de High On Fire. Le riff est particulièrement bien trouvé et efficace. La ligne de chant manque un peu d’originalité, mais l’ensemble est tellement réjouissant que l’on oublie ce menu défaut. Le refrain est parfait pour être hurlé par le public en concert.

Le trio enchaîne ensuite avec deux courts morceaux de moins de deux minutes à l’esprit très punk hardcore : « Annihilation » et « Theme From Cyclops ». Magnifiquement rageurs, ils permettent à la musique de rester originale et captivante. Scott Vincent est un très bon guitariste, jouant des riffs enthousiasmants autant que des solos gargouillant de wah-wah bouillonnante. « Lord Of The Flies » permet de revenir sur le terrain doom-metal plus classique, avec toutefois une rythmique qui ne lâche rien.

« Sacrifice » clôt l’album de la plus belle des manières, avec un titre brutal et sans concession, doom de toute son âme. Le riff d’introduction est puissant, la batterie et la basse propose une rythmique culbutée puissante et pleine de groove. Le trio joue sur l’alternance entre la douceur relative de ses couplets et la fureur de ses refrains, un peu à la Budgie.

Court, trente et une minute, ce premier album est une sacrée carte de visite pour une formation qui n’a que peu d’existence au compteur. En tout cas, ces trois-là ont bien fait de se trouver et de se mettre ensemble. Le résultat est réussi, et surtout prometteur de choses à venir qui à mon avis seront passionnantes.


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