DHYANA - Arahant


Il existe des albums qui dépassent la simple mécanique du plaisir auditif. Non pas seulement en termes de dopamine ou de gratification immédiate, mais par cette qualité indéfinissable, presque viscérale, qui les rend capables de dialoguer directement avec nous. Arahant de Dhyana, paru il y a quelques mois, appartient à cette catégorie rare d’œuvres qui semblent respirer, vibrer, et nous tendre un miroir intérieur.

"Arahant" de Dhyana, ou le drone comme ascèse

Dès la pochette, un indice : l’album s’inscrit dans une esthétique méditative. Mais qu’on ne s’y trompe pas, il ne s’agit pas de musique d’ambiance lisse et apaisante. Ici, la méditation se vit dans la saturation, la répétition et la densité sonore. Viyana ouvre le disque avec un riff cyclique, d’une simplicité presque primitive, mais d’un poids écrasant. Les cymbales résonnent comme des coups de gong, frappant directement le système nerveux. Ce premier titre a valeur de rite d’entrée : il prépare l’auditeur à ce qui va suivre, comme on entre dans une cérémonie.

Avec Sutta, la filiation avec Om saute aux oreilles. Le riff, lourd et gras, se déploie dans une boucle hypnotique qui absorbe progressivement toute l’attention. La construction joue sur la tension et le relâchement : la basse prend le devant de la scène, seule mais omniprésente, avant que la batterie ne s’installe à nouveau, lentement, presque avec pudeur. Le morceau se termine par une guitare éloignée, au timbre plaintif, qui évoque une litanie spirituelle brutalement interrompue.

Puis vient Abidhamma, cœur incandescent de l’album. L’introduction se déploie longuement, instaurant une atmosphère d’attente et de suspension, avant que le riff n’explose, saturé à l’extrême, comme une vibration continue. La basse, volontairement en retrait, agit comme une force souterraine : discrète mais indispensable, elle ancre l’ensemble et donne à ce morceau une dimension tellurique. La batterie, métronomique, impose un tempo qui ressemble moins à un rythme qu’à une tentative de canaliser le flot des pensées. Pendant treize minutes, la musique distord la perception du temps, transformant l’écoute en expérience quasi méditative.

Après ce sommet de densité, Dhammapada agit comme une respiration. Le tempo ralentit, la basse devient apaisante, presque caressante, invitant à la recentration. Visudhimagga prolonge cette atmosphère plus introspective, avant de se laisser envahir par une basse fuzzée qui occupe presque tout le spectre sonore, comme si l’ego reprenait soudain toute la place. L’album se referme sur Arahant, titre éponyme et conclusion symbolique. À l’image de l’ultime étape du chemin bouddhique, le morceau s’élève comme une forme d’accomplissement, un état de dépouillement et de libération.

Que faut-il en retenir ?

En définitive, Arahant n’est pas seulement un album. C’est une traversée sensorielle, un rituel sonore qui mêle drone, doom et méditation dans une même expérience. Dhyana réussit à transformer le poids des riffs et la répétition hypnotique en instruments de conscience, offrant à l’auditeur non pas une simple écoute, mais une initiation. Si vous n'en pouvez plus d'attendre un nouvel album d'OM, foncez sur celui-ci !


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