Depuis
ses débuts en 2015, le groupe d’Oslo The Devil And The Almighty
Blues a publié trois albums à intervalles parfaitement
réguliers. Dans une logique toute aussi implacable, son troisième
album s’appelle « Tre ».
Le
quintet est composé de Arnt Andersen au chant, de Petter Svee et
Torgeir Waldemar aux guitares, de Kim Skaug à la basse et de Kenneth
Simonsen à la batterie. The Devil And The Almighty Blues est
une sorte de supergroupe norvégien, puisque tous ont fait leurs
armes dans différents groupes de la scène punk et heavy, chacun
ayant une petite discographie à son actif : The Goo Men, Shit
City, The Indikation, et The Good, The Bad And The Zugly.
"Tre", le blues lourd au goût de cendre volcanique
The
Devil And The Almighty Blues pratique un hard-rock bluesy qui
s’inspire de quelques pointures et références stoner et heavy
bien connues : un peu de Kyuss, le son sale et bleu de
Colour Haze, et une touche de Grand Funk Railroad. Les
tempi sont plutôt mid ou lents, collant à l’esprit poussiéreux
et blues que le quintet veut donner à sa musique. Il n’est pas
question ici de gros riffs sales et ravageurs. Les thèmes sont
empreints d’une mélancolie sombre portée par le chant puissant et
rocailleux de Arnt Andersen.
‘Salt
Of The Earth’ débute le disque par un motif de guitare obsédant
qui monte lentement en puissance. Le titre se montre un peu monotone,
et malgré une belle interprétation, il manque de ressort. ‘One
For Sorrow’ débute comme un chant indien, avant que ne vienne
résonner un riff blues et sale. C’est à ce moment que l’album
décolle réellement. Malgré le tempo poisseux, une tension
s’installe, qui explose avec l’accélération finale où vibre de
beaux soli de guitares.
‘Lay
Down’ est doté d’un rythme lourd et d’un riff oppressant.
‘Heart Of The Mountain’ donne dans un doom-blues massif
particulièrement réussi, les guitares et le chant se mêlant à
merveille pour dessiner l’imposant bloc de granit qui domine la
vallée. ‘No Man’s Land’ est un boogie saturé et cosmique qui
retient sa furie afin de mieux la faire exploser sur les chorus de
guitare.
L’album
se clôt sur le sombre et désenchanté ‘Time Ruins Everything’.
Le riff et la voix de Andersen grondent jusqu’à ce que le titre
bascule dans une coda poussièreuse et hantée où vibre la note
bleue. On y distingue le fantôme de ‘Oh Well’ de Peter
Green’s Fleetwood Mac.
Que faut-il en retenir ?
« Tre »
est un bon disque, honnête, fait avec les tripes. L’interprétation
ne fait aucunement défaut, le son des guitares caresse l’amateur
de blues-rock dans le sens du poil. Toutefois, et comme sur ses
précédents albums, il manque encore à The Devil And The
Almighty Blues un soupçon d’originalité et de créativité
qui pourrait faire passer son stoner-blues vers la catégorie des
très grands groupes.
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