TYRANONAUT - Marble Eye / Interview

Si cette époque a un vrai avantage, c’est de rendre accessible la musique de groupes complètement underground aux amateurs du monde entier. Si le charme de la lettre et de la cassette audio envoyées par courrier a disparu, on peut désormais écouter, acheter de la musique sur Bandcamp, et contacter les musiciens par les réseaux sociaux.

Ces derniers sont un vrai cloaque pour l’essentiel, où l’idiot et le troll passent leur temps à s’insulter avec une pauvreté intellectuelle de plus en plus consternante. Mais pour qui sait s’en servir, on y découvre des choses, on y échange des infos, de la musique, des photos, des anecdotes. C’est sur une page de fans de Witchfinder General, institution anglaise du doom-metal entre 1978 et 1984, que j’ai fait la découverte d’Alex Greywitt. Le jeune américain a fait l’acquisition des amplificateurs Laney et de la pédale fuzz historique de Phil Cope, le guitariste de Witchfinder General. Après quelques réglages et essais, il a mis en ligne un medley de riffs doom de Black Sabbath, Pentagram, Witchfinder General… pour montrer qu’il touchait du doigt LE son magique du doom-metal emblématique. Signes importants : il utilise une Gibson SG et il est gaucher.

Voir un jeune musicien récupérer le matériel d’un musicien historique, et de poursuivre son œuvre dans son propre groupe, Tyranonaut, m’a fait très plaisir. Pour une fois que des instruments ou des accessoires mythiques de l’histoire du rock et du heavy-metal ne finissent pas derrière une vitrine ou dans les mains d’un collectionneur ou d’un musicien millionnaire, mais qu’ils retrouvent leur fonction entre de nouvelles main, voilà qui est réjouissant.

Alex Greywitt : Je n'ai entendu parler de Witchfinder General qu'à l'université de Buffalo, vers vingt ans. Beaucoup vantent Pentagram, Trouble, Saint Vitus, Candlemass… et à juste titre, mais Phil est, à mon avis, le seul à pouvoir rivaliser avec Iommi à son apogée. Je le considère comme le héros méconnu par excellence de la guitare heavy-rock. Phil est trop humble pour en dire autant. Je suis en contact quasi-régulier avec Phil depuis 2017. Il hausserait probablement les épaules, mais sa musique et ses encouragements ont guidé le développement du groupe depuis notre toute première démo. On m'a signalé qu'il n'avait plus besoin de son vieux matériel, resté inutilisé pendant des décennies. J'ai acheté deux de ses enceintes Laney Klipp originales à un intermédiaire nommé Jono Kirk chez Music Locker au Royaume-Uni lorsqu'il les a mises en vente. Quant à la pédale Park Fuzz, extrêmement rare, je l'ai achetée directement à Phil. C'est un sentiment surréaliste de recevoir le matériel de son guitariste préféré. Je n'aurais jamais pu imaginer… Je ne laisserai jamais sa musique et son héritage disparaître. Ses albums et ses paroles ont tant compté pour moi.

À ce jour, la plupart de ses affaires ont été vendues : ses vieux vêtements de scène, ses guitares, ses baffles, sa pédale. Il veut qu'une nouvelle génération puisse en profiter. Je peux vous promettre qu'ils seront utilisés sur notre prochain album, Reconversion. En guise de petite surprise, je possède aussi l'ampli Sunn Enforcer de Terry Weston, utilisé sur l'album Journey Into Mystery de Dream Death et sur tous les albums de Penance. Ce sont tous des gens bien.

En cherchant un peu plus sur ce jeune personnage, je découvre qu’il a particulièrement bon goût. Il est donc fan absolu de Witchfinder General, de Black Sabbath, mais aussi de Sensational Alex Harvey Band et du black-metal pionnier de Bathory, entre mille références érudites. Je pars à la recherche de son groupe, et je découvre Tyranonaut. C’est un duo composé de deux frères : Alex Greywitt à la guitare, à la basse, au chant, et Nick Greywitt à la batterie. Ils sont de Rochester, dans l’État de New York, une ville au bord du Lac Ontario, qui sert de frontière avec le Canada. Toronto est en face de Rochester, sur la berge opposée. Pour les Etats-Unis, c’est une petite ville d’à peine plus de deux cent mille âmes. La ville a fortement déclinée depuis l’effondrement de Kodak, dont Rochester était le siège social. Elle a perdu un tiers de sa population depuis les années 1960, entourée par Detroit, Toronto, Cleveland, Boston et New York. Les frères Greywitt ont grandi dans une famille unie, et sont plutôt des amateurs de nature et de grands espaces de grands centres urbains à perte de vue. Ils sont donc semble-t-il à leur place, cachant derrière leur aspect de bons garçons deux sorciers du heavy-metal.

A.G.: Bien que Nick et moi ayons toujours vécu à Rochester, je ne dirais pas que la ville nous influence particulièrement musicalement. Notre père est originaire de Cleveland, une ville qui a eu une influence bien plus grande sur nous grâce aux groupes qu'il a écoutés en grandissant et qui étaient même originaires de la région. The Dead Boys, The Pagans, Devo, Lucky Pierre, The Adults et The Monitors, pour n'en citer que quelques-uns. Leur style est très Do It Yourself. Il est également primordial de préciser que Cleveland a été l'une des seules villes américaines dans les années 1970 à faire jouer régulièrement le Sensational Alex Harvey Band, qui reste l'une de nos influences les plus marquantes. De nombreux groupes légendaires jouaient au Cleveland Municipal Stadium, comme les Rolling Stones, Ted Nugent et AC/DC, que notre père a vus durant sa jeunesse. Quant au reste du territoire, la région des Finger Lakes et le New York Southern Tier, ils ont eu une influence plus marquée sur nous grâce au bon temps que nous y avons passé.Ce serait cependant négligeant de ma part de ne pas mentionner Steve Peck, un promoteur musical local à Rochester, qui a été le premier à manifester son intérêt et son soutien pour ce que nous faisions début 2017. C'est l'une des rares personnes à Rochester avec qui nous communiquons et partageons nos points de vue musicaux. Je lui adresse tout mon respect.

Nick Greywitt : Rochester est une ville très isolée d'un point de vue musical. La plupart du temps, nous allions voir des concerts ailleurs, car c'est là que les artistes se produisaient. Il y a un petit groupe de mélomanes fidèles à Rochester (Sunday Bill, Steve Peck, Seth Voorhees, The Grimms). Il n'y a pas vraiment de scène musicale à laquelle nous nous sommes attachés. La plupart de notre enfance s'est passée entre Alex et moi, découvrant ce que nous aimions grâce à nos parents et à Internet. En réalité, Alex était la seule personne avec qui j'avais un lien musical (Nda : Alex est né en 1992, Nick en 1996). Mais je partage son avis : notre lignée artistique vient en grande partie de Cleveland. Je me souviens d'écouter les premiers enregistrements live de Lucky Pierre and The Adults, enregistrés par mon père sur des cassettes. Il nous racontait ses concerts. Je rêvais d'y être avec lui. Pour moi, cette scène mythique de Cleveland est bien plus précieuse et inspirante que n'importe quelle autre. Je ne peux que féliciter mes parents pour l'influence qu'ils ont eue sur notre solide fondation musicale.


Tyranonaut a publié deux albums à ce jour, dont l’écoute va se révéler passionnante pour ma part. Tyranonaut sort en janvier 2017. C’est en fait une démo mais réalisée de manière exigeante, car c’est comme cela que le groupe veut être. Dès « Vigil Of The Hordes », on est saisi par un son cru, live et puissant. La première partie de l’album est plutôt orientée black-metal pionnier : Celtic Frost, Bathory, Darkthrone, Poison… C’est ébouriffant de qualité et d’efficacité, comme une sorte de quintessence géniale. « Calling Of The Hermit » fait basculer l’album dans le doom-metal et le heavy-metal 80’s à la Cirith Ungol. Il y a une reprise fabuleuse de « Death Penalty » de Witchfinder General. La maîtrise du riff est splendide, la ligne vocale également, et Nick Greywitt réussit à reconstituer le tempo poisseux du morceau original. « Opulence Caster » est une merveille de doom-metal de neuf minutes, imbibé de Witchfinder General et de Black Sabbath.

A.G.: Cette première démo a été une sacrée aventure. Nick et moi n'avons rejeté aucune idée qui nous était venue à l'esprit pendant la phase de création, et chaque chanson est fidèle à l'ordre dans lequel nous l'avons composée. La guitare et la batterie ont été enregistrées entièrement en live avec un seul micro dans notre studio. Je me souviens que Nick a percé sa peau de caisse claire sur la prise de « Hyperborean Burial ». « Opulence Caster » a été enregistré en une seule prise. Je buvais du jus d'orange entre les prises de chant pour préserver ma gorge. C'était vraiment sympa en vérité. Je suppose que les compositions viennent de nos fortes influences de l'époque : Black Sabbath, Angel Witch, Darkthrone, Celtic Frost, Voivod, Amebix, Sleep, Morbid (Suède), Bathory, Diamond Head, Cathedral, Slaughter (Canada), le premier album d'Immortal, Witchfinder General… Il y a même des accords des débuts de Megadeth sur cet album. Mes solos étaient fortement influencés par Randy Rhoads, Kevin Heybourne et Scott Wino… Je suppose que j'avais quelque chose à prouver. On affiche clairement nos influences et on n'hésite pas à les citer.Il y a du black, du NWOBHM, du doom… C'est en enregistrant « Death Penalty » et « Opulence Caster » que nous avons senti que nous avions trouvé notre rythme et une direction à suivre. Cependant, ces premières compositions sur cet album ne sont pas oubliées… C'est amusant, un fan grec a fait un bootleg de notre démo intitulé Penalty of Death, ce qui était plutôt flatteur.Notre objectif pour cette démo était d’abord de faire de la musique convaincante et ne rejeter aucune idée créative qui nous viendrait, et si nous pouvions à l’occasion ravir une ou deux personnes, nous étions ravis.Nous vivions dans notre petit monde et n'avions pas de public, alors tout était permis. Nous avons envisagé de faire des reprises de Darkthrone, Satan, Amebix ou Witchfynde… mais nous avons finalement opté pour une reprise de Witchfinder General, que nous avons jouée de notre mieux. J'ai envoyé la reprise à Phil Cope et, miraculeusement, il m'a répondu. C'était la première fois que je communiquais avec lui. C’était en janvier 2017. Il a affirmé que c'était la meilleure interprétation de sa musique qu'il ait jamais entendue et il nous a donné son entière bénédiction. C'est ainsi que Nick et moi avons réalisé qu'il fallait continuer. Nous avions créé quelque chose de valable artistiquement, ce qui a mené à l'album Marble Eye. Seulement quarante-neuf copies CD ont été réalisées, et chacune a été testée sur un radiocassette. C'était très primitif et Do It Yourself. Je me souviens qu'il y a eu un débat entre Nick et moi pour savoir si cette sortie devait être considérée comme un album ou une démo. Une maison de disques nous a contactés pour le presser sur vinyle, mais nous avons renoncé. Cela reste une démo.

N.G.: Je me souviens de quelques points clés. Nous prenions toutes les idées qui nous venaient à l'esprit et les mettions sur papier. Nous avons vraiment conçu notre façon d'écrire la musique sur cette première démo et nous la composons toujours de la même manière aujourd'hui. Je me souviens avoir pris ma copie mp3 de « Death Penalty », l'avoir ralentie et avoir écouté les plans encore et encore. Je voulais être sûr que chaque détail du jeu du batteur soit reproduit dans mon jeu. Pour moi, si votre reprise ne cherche pas à ressembler à l'original, c'est que vous la faites mal. La production était super DIY à l'époque. J'avais des cymbales Paiste 2002 cassées et une Tama Silver Star récemment achetée qui sonnait un peu métallique, mais qui faisait l'affaire. La peau de la caisse claire s'est cassée pendant l'enregistrement à cause de la force avec laquelle je l'avais frappée. « Hyperborean Burial » est toujours une anomalie pour moi. J'ai écrit ces paroles et elles me sont toujours très personnelles. J'ai découvert Immortal à l'époque et j'ai été complètement fasciné par leur musique. Les voix murmurées venaient de mon amour pour Morbid, de Suède.

Marble Eye a été finalisé durant la pandémie de COVID et le premier confinement. Tyranonaut a fait macérer toutes sortes d’ingrédients : Witchfinder General, Black Sabbath, Witchfynde, Budgie, Hawkwind, Trouble, Pagan Altar, Satan, Celtic Frost, Candlemass, ou encore Cloven Hoof. La composition et l’enregistrement vont s’étaler entre août 2017 et novembre 2019, et verra finalement le jour en novembre 2020, avec cette fois une édition en vinyle.

Les ambitions de Tyranonaut sont à la fois modestes en termes d’impact, mais fortes en termes de qualité. Le doom-metal et le proto-heavy prennent le dessus, et apportent une plus grande cohérence à la musique de Tyranonaut, même si leurs incursions black-metal étaient excellentes. Le coeur du disque est constitué de deux odyssées sonores majeures : « The Doller House » de presque onze minutes, et « Erskine Hollow » de vingt-six minutes. Tyranonaut explore ses influences, les malaxe, et sculpte une nouvelle matière sonore. Le côté live en studio lié aux moyens financiers limités dont disposent le groupe n’est pas un problème. Cela rend le disque encore plus prenant et mystérieux, avec ce doom formidable venu de nulle part. La connexion qui unit les deux frères est intense, et leur état d’esprit est très proche de celle de Fenriz et Nocturno Culto avec Darkthrone.

A.G.: On nous interroge constamment sur notre « scène » ou sur notre impact. Jouerons-nous un jour en live ? La réponse est idéologique, logistique et émotionnelle. Je ne parlerai pas au nom de Nick, mais j'ai de nombreuses passions, dont la création et les arrangements musicaux. Personnellement, je pense que la musique se savoure mieux sur un disque vinyle. C'est l'état d'esprit ultime que l'on peut ressentir en écoutant un album de Hawkwind, des Stooges, des Beatles, de Toad, de Sodom, de ZZ Top, etc. 98 % de la musique que j'écoute date d'avant ma naissance, et voir des groupes la jouer en live ne m'a jamais procuré une poussée d'endorphine aussi intense que les images mentales et les paysages sonores que je ressens en écoutant un disque.L'autre aspect est la délégation musicale sur scène. Nous consacrons tellement de temps et de réflexion à créer une force si intime entre Nick et moi qu'il n'est pas dans nos plans d'impliquer d'autres personnes dans ce processus, ni de tenter de recréer sur scène un paysage sonore qui nécessiterait quatre ou six autres musiciens – à notre grande déception. Nous nous concentrons sur l'arrangement, l'interprétation et la présentation de notre propre musique, et je pense que cela se reflète dans les albums que nous avons sortis jusqu'à présent. Cela nous permet de ne pas perdre notre temps avec le stress du live ni avec les égos/personnalités des autres. Le groupe, c'est Nick et moi, ça s'arrête là.

Je ne suis pas certain de notre impact local. Cependant, pour un groupe qui n'a jamais tourné, je suis très fier de dire que nous avons auto-financé et produit tout ce que nous avons fait. Nous avons eu la chance d'être mentionnés dans des magazines britanniques (Iron Fist), d'être présents sur le podcast international de Fenriz, d'être distribués par High Roller Records en Allemagne grâce à des accords de gros, et d'avoir des gens comme toi, Buried by Time And Dust Records en Californie, Dystopian Dogs dans le Michigan, Brian Lawrence de Dream Death, Phil Cope de Witchfinder General et bien d'autres qui nous soutiennent dans le monde entier. Même s'il ne reste que moins de quarante exemplaires de Marble Eye sur les deux cent cinquante vinyles originaux, des gens du monde entier – France, Allemagne, États-Unis, Suisse, Norvège, Thaïlande et même Hong Kong, malgré les frais de port exorbitants – ont encore fait l'effort d'acheter notre album, et j'adresse à ces personnes mon plus profond respect. C'est pour des gens comme eux et toi que nous avons créé cette musique. C'est quelque chose dont je suis fier.

N.G.: Alex et moi sommes probablement trop perfectionnistes et fous pour travailler avec quelqu'un d'autre. Nous sommes vraiment impitoyables quant à nos influences et ce serait beaucoup de travail d'entretenir des relations avec n'importe quel autre membre. J'ai un travail à temps plein et d'autres loisirs que j'apprécie. Répéter plusieurs jours par semaine sans arrêt et devoir se soucier de l'ego des autres et des problèmes que ça peut engendrer me paraît épuisant et inutile. En live, le son ne sera jamais aussi bon que les prises que nous avons enregistrées sur disque. De plus, il y aura des gens qui se comporteront comme des idiots et qui ne comprendront pas le but de votre travail. Je préfére que les gens nous cherchent sur Internet et nous écrivent. Je sais que ces personnes se soucient vraiment de ce que nous créons.

Mon concert idéal avec Tyranonaut serait de cloner Alex trois fois et de jouer un concert dans une chapelle isolée. Seuls quelques privilégiés seraient invités et l'atmosphère serait plus celle d'une messe que celle d'un concert. On serait assis sur son banc et on absorberait la musique pour ce qu'elle est. Je pense que nous avons peu, voire pas, d'impact sur notre scène à Rochester. Comme la plupart des groupes qui jouent des styles similaires, notre influence se fait surtout sentir en Europe et auprès de quelques fans aux États-Unis. La plupart du temps, quand on montre ou raconte ce qu'on fait, il n'y a aucune réaction, ou alors essentiellement de l’incompréhension. D'une certaine manière, j'apprécie beaucoup ça. L'isolement nourrit mon ressentiment, et j'écris avec plus de colère et je joue avec plus d'émotion.

A.G.: Marble Eye était le résultat direct et la suite logique de la démo Tyranonaut. L'album nous a pris plus de trois ans et demi du début à la fin, une période très difficile pour nous deux. Nous avons décidé de prendre position : nous voulions un album complet que nous aurions envie d'entendre. Cela n'a pu se faire qu'en combinant des influences évidentes dans les riffs colossaux des années 1970 (Black Sabbath, Nazareth, Budgie, Captain Beyond, etc...), mais aussi en incluant les qualités narratives de groupes comme Sensational Alex Harvey Band, Genesis, John Cale, Jethro Tull et King Crimson. Il devait aussi y avoir la vigueur énergique des classiques de la NWOBHM comme Cloven Hoof, Trespass, Gaskin, Hammerhead, Badge, et les qualités obscures des albums de Poison, Black Hole, des premiers Witchfynde, Necrodeath, Celtic Frost, Pagan Altar et Bauhaus. Les influences semblent restreintes en termes de genres, mais pas en termes de groupes, avec toutes les nuances musicales que cela implique. Marble Eye est sans conteste le summum de notre folie en tant que groupe, peut-être ma folie. Des voix en double ou triple pistes, des solos de production de Randy Rhoads en triple pistes, des mois passés à écrire des paroles en grande partie en solitaire… c’était assurément un travail « wagnérien ». La pochette a été réalisée sur commande par un ermite vivant à Blackpool, en Angleterre, aujourd’hui disparu du grand public : Chris Manvell. Nick et moi ignorons ce qui lui est arrivé. Le mixage et le mastering ont été réalisés à distance par Jim Plotkin de Old Lady Drivers/Scorn. À ce moment-là, j’étais complètement épuisé et Nick a dû prendre les rênes pour finaliser les décisions concernant l’album. 

Je suis particulièrement fier de la chanson « Erskine Hollow » et de son histoire. Ce morceau restera à jamais l’une de nos plus belles réussites. La véritable signification de l’album se trouve dans la mention « Valediction » au dos de l’album. L'album s'est déroulé à 95-98 % comme nous l'avions imaginé, et les nombreux messages de soutien et de reconnaissance qu'il reçoit année après année confirment que nous avons réussi notre mission. Je tiens également à remercier Russ Vrankovich de Buried by Time And Dust pendant ces années : il reste un mentor et un ami précieux pour nous.

N.G.: Sur l'album, vous trouverez une longue liste de nos influences de l'époque. Presque chacune d'entre elles est d'une manière ou d'une autre référencée sur l'album dans notre façon de jouer ou d'écrire. Je dirais que les mêmes influences étaient présentes sur Marble Eye que sur la démo. Quelques chanceux pourraient probablement comparer la liste des influences de la démo et de l'album Marble Eye pour voir les différences. Je me souviens juste d'avoir été complètement absorbé par l'apprentissage de toutes ces chansons. Je rentrais de vacances universitaires et j'apprenais des chansons de Celtic Frost, Amebix, Motorhead, Picture et Iron Maiden comme si ma vie en dépendait.

Je crois avoir terminé l'enregistrement des pistes de batterie en 2018. C'est difficile d'obtenir un diplôme technique et de faire de la musique en même temps. J'ai obtenu mon diplôme et j’ai commencé à travailler, ce qui m'a en fait permis de me concentrer pleinement sur la musique. Je crois qu'on a terminé la majeure partie de l'album avant la crise de la COVID. On a mixé et on a fait appel à Chris Manvell pour la conception artistique juste au début de la COVID en 2020. J'ai dû commencer à jouer les producteurs et à décider de ce qui était bon ou pas de tout ce que l’on assemblait. On commençait à trop analyser les choses et je devais nous pousser pour que ça sorte. Au final, ça valait le coup d'y consacrer du temps. En tant que producteur, il faut trouver le juste équilibre entre la perfection et la folie. J'avais vraiment besoin d'une petite pause après Marble Eye pour profiter de ce qu'on a fait. Être coincé à la maison et ne pas faire grand-chose m'a aidé.

Le duo travaille sur un nouvel album, Reconversion, fruit de la composition et de la répétition de nouveaux morceaux entre le printemps 2021 et l’automne 2024. Alex Greywitt est désormais solidement équipé, avec un matériel de passionné à l’histoire mythique. Il ne pouvait pas tomber entre de meilleures mains. Tyranonaut a mis en ligne ses dernières répétitions sur Youtube, et c’est absolument passionnant. Je suis désormais de près leur progression, et je n’hésiterai pas à vous informer de leur dernière production.

A.G.: Peu après la sortie de Marble Eye en novembre/décembre 2020, Nick et moi avons commencé à composer pour la suite, prévue pour juin/juillet 2021. Ce futur album, actuellement en cours d'enregistrement, s'intitulera Reconversion. Les morceaux ont été peaufinés et composés entre le printemps 2021 et l'automne 2024. Les Reconversion Rehearsals que vous pouvez écouter sur YouTube sont le fruit de trois ans et demi de travail acharné pour construire et arranger ces sept chansons jusqu'à la perfection. Pour les connaisseurs, nous proposons également des reprises de chansons de Poison, Alastis, Forgotten Woods, Varathron, Xibalba et Slaughter, que nous intégrons régulièrement à nos sessions.

Nos principales influences seront toujours évidentes, comme Black Sabbath, Witchfinder General, Budgie, The Sensational Alex Harvey Band, Hawkwind, etc... Cependant, nos plus grandes influences pour Reconversion sont Richard Wagner, Strauss, Forgotten Woods, Mercyful Fate, Randy Holden, Witchfynde (1975-1978) des débuts, Rush, Alastis, Ted Nugent, Bathory, Sodom des débuts, John Cale, et bien sûr un peu de Motörhead, pour n'en citer que quelques-unes. Je peux certainement dire que mes deux plus grandes influences pour l'album Reconversion sont Richard Wagner et Forgotten Woods de Norvège. Nick et moi sommes très enthousiastes à propos de ce prochain album, nous sommes convaincus qu'il éclipsera tout ce que nous avons créé jusqu'à présent. Certaines chansons sont si exigeantes pour notre corps que nos mains et les pieds de Nick s'engourdissent sous l'effort physique. Je suis particulièrement impressionné par son jeu de batterie. Je crois qu'un groupe n'est bon que par son batteur, et les performances de Nick seront au cœur de cet album. Marble Eye était un album de riffs : comment créer un album avec les riffs les plus imposants. Reconversion est un album de mouvements, ou d'ouvertures, mené par la batterie.

N.G.: Je suis vraiment impatient de découvrir cette sortie. J'ai commencé à jouer un rôle plus important dans le choix des riffs à retenir et à conserver pendant l'écriture. Cela a rendu la musique un peu plus personnelle. J'ai beaucoup aimé écrire avec Alex et collaborer davantage. Je pense que cet album est un nouveau moment privilégié pour notre développement dans notre façon d'écrire et en tant que musiciens. Ce que je préfère dans la création d'un album, c'est quand Alex et moi écoutons enfin le son d'une chanson enregistrée. Ce processus d'écriture et de réalisation est captivant et me procure encore beaucoup de joie, sans parler de voir le résultat final sur un vinyle.

J'apprends à créer et à orchestrer un paysage sonore par moi-même. Je serai très impliqué dans le mixage de Reconversion. La batterie sera également excellente. J'ai restauré une batterie Sonor Phonic de 1979 et 1984 et possède de nombreuses cymbales neuves qui donneront une meilleure couleur au paysage sonore du nouvel album par rapport à Marble Eye. Ce sera certainement passionnant de voir ce que ce prochain chapitre nous réserve. Je pense que nous créons ici notre propre style musical, alliant influences spirituelles et heavy pour créer de la nouvelle « Greywitt Music ».

Enregistrer un commentaire

0 Commentaires