Holy Grove est un groupe de doom-stoner basé à Portland,
dans l’Oregon dans le nord-ouest américain. En 2014, je me souviens avoir
téléchargé sur leur Bandcamp une performance en direct de quelques morceaux et
j’avais trouvé ça vraiment sympa. Alors, quand j’ai su qu’en mars dernier ils
balançaient leur premier album, je me suis dit qu’il fallait quand même les
honorer d’une chronique puisqu’ils le méritent. Et pas qu’un peu.
Holy Grove, un EP qui envoie du très lourd
La première chose marquante quant à Holy Grove c’est la puissante
voix d’Andrea Vidal qui nous accroche dès le premier morceau ‘Death of Magic’.
Je ne parle pas d’une voix à la Elin Larsson qui a du « coffre » mais
d’une voix plus proche de celle de Lori S, la chanteuse d’Acid King. Vous
savez, cette voix qui vous accroche parce qu’elle est à la fois puissante et
envoûtante. Hypnotique en somme. Alors quand on additionne des guitares et une
basse hypnotiques, inutile de préciser que vous avez là un cocktail détonant. Et
que dire de ce solo de guitare qui vous envoie littéralement dans l’espace !
Un pur moment musical qui fait du bien à vos tympans.
Le morceau ‘Nix’ commence avec un riff on ne peut plus
accrocheur, mais c’est à peu près tout ce que je retiens de ce morceau. Il est
tout à fait correct, mais parait un brin moins accrocheur voire « maitrisé »
que le premier. Il se termine sur le riff du début en version encore plus
lourde – et ça, oui j’aime – avant de se conclure sur des sons psychédéliques
qui ouvrent sur le morceau éponyme de l’album : ‘Holy Grove’. Et là, c’est
reparti pour un doom psychédélique à souhait avec un solo à la deuxième minute
qui va vous faire partir… avant qu’Andrea ne vous ramène sur terre pour mieux
vous réexpédier dans l’espace par la suite. En écoutant ce titre, on ne peut
que faire le rapprochement avec l’artwork de la jaquette, ça coule de source.
‘Caravan’ m’a marqué. Par le rythme, par les riffs sont
présents tout au long du morceau mais là encore, pour des solos merveilleux et
toujours par cette voix, j’en suis devenu tout aussi dingue que celle d’Acid
King. Et je ne sais pas pourquoi, mais c’est ce morceau qui m’a fait le plus
penser à du Black Sabbath dans sa construction générale et par ses solos qui
vous pulvérisent alors que vous êtes allongé sur votre chaise. ‘Hanged Man’
commence par une voix aux échos innombrables puis par un riff qui met un peu de
temps à se lancer… avant de vous faire « headbanguer », le tout supervisé
par cette vibe à la Black Sab’, oui encore. Et puis mettre des échos dans la
voix d’Andrea la rend encore plus mystique, comme si vous étiez pris d’une
sorte d’aura magique. Dans ce titre, vous aurez droit à un trop court solo tout
en harmonique avant que la chanteuse vienne à nouveau souffler les instruments.
L’album se termine sur le titre ‘Safe Return’ qui va
permettre de se remettre un peu de nos émotions. Avec un riff toujours aussi
accrocheur, digne du grand Tony Iommi, qui se calme pendant qu’Andrea chante
les paroles, avant de reprendre par la suite. Et c’est aussi pendant ce morceau
qu’Andrea nous envoûte lorsque son cri retenti et ce, sur plusieurs dizaines de
secondes, un moment absolument magique… et qui continue lorsque les guitares
lourdes reviennent dans la course avant de pondre deux solos tout aussi
oufs que les précédents.
Que faut-il retenir ?
Finalement, je me demande ce qui est passé par la tête des
membres du groupe pour nous pondre un album comme ça. J’ai plus d’affinité avec
le stoner-doom crasseux comme Electric Wizard, mais je ne peux pas nier les
évidentes qualités de Holy Grove en nous sortant un album qui se veut comme une
ode au doom. Bien sûr, le tout sonne comme les anglais de Black Sabbath, mais
ici il y a des ajouts avec des solos qui vous emportent au loin, dans les cieux
mais il y a aussi une autre chose. Vous l’aurez compris. La voix. Andrea Vidal
montre que c’est une sacrée chanteuse et se taille une place sur cette scène du
doom. « Holy Grove » est un album que je peux conseiller à tous ceux
qui sont en manque de bon vieux doom et je pense qu’il sera dans de nombreux
tops pour désigner les meilleures sorties de cette succulente année 2016 qui
est encore loin d’être terminée…