Acid King - Beyond Vision

 

Les années passent et les californiens continuent de distiller leur puissant stoner doom depuis plus de trente ans maintenant. Le groupe peut se targuer d’être l’une des références dans le genre, et l’un des « vieux de la vieille » n’ayant jamais vu sa carrière s’interrompre. Huit ans après un très bon « Middle of Nowhere, Center of Everywhere », Acid King revient un nouvel opus sobrement intitulé « Beyond Vision ». A vrai dire, j’attendais à écouter cette même formule bien connu du groupe : une belle couche de riffs mélangée à la voix quasi-mystique de Lori S, la formule que nous connaissons depuis tant d’années.

Si les fondamentaux ne changent pas vraiment, le groupe a su réinventer son propre son en lui conférant une allure cinématographique. Cela peut paraitre anodin, mais ça offre une nouvelle dimension à la musique du groupe. Mettez votre chapeau de cow-boy sur la tête, on s’offre une traversée du Nevada à dos de cheval.

 

« Beyond Vision », le retour du Roi Acide ?

 

L’album s’ouvre avec le titre « One Light Second Away » qui fait office de longue introduction. Il s’ouvre par des effets de synthé qui font penser à une bande son d’un vieux western. Tout en suspense, les secondes défilent et on attend - impatiemment - les premiers gros riffs. S’il y a bien un tour de force que Lori a su faire au fil des années, c’est de créer une signature sonore qui est reconnaissable dès que les riffs résonnent contre les tympans.

Parlons des riffs, d’ailleurs. Ils sont toujours aussi efficaces que par le passé : ils se répètent souvent en boucle sur les morceaux, avec un break qui arrive à un moment donné. Les mauvaises langues pourraient dire que la formule est tellement usée que ça en devient lassant. Pourtant, contrairement au précédent album, ceux de « Beyond Vision » me semble davantage plus « énervés ». J’entends pas là qu’ils sont plus dynamiques - on parle toujours de stoner hein - que par le passé. Peut être que cela est du à leur mise en scène à chaque morceau : une introduction calme et longue précède toujours la débauche de riffs et de solos. On retrouve cette formule dans les excellents titres « Mind’s Eye » ou encore « 90 Seconds ».

Mais la vraie nouveauté, c’est cette savoureuse mise en scène. Porté par un synthé, des effets psychédéliques divers et sa grande du rythme de chaque morceau, Acid King insuffle un petit renouveau dans son approche sonore. Le titre « Electro Magnetic » me semble être l’exemple parfait de cette idée avec une introduction délicieusement longue, des riffs qui arrivent au premier plan accompagnés d’un tortueux solo de guitare puis, vers la fin du titre, des tambours qui résonnent tels des cloches de l’Apocalypse tandis que le riff s’étire de plus en plus lentement jusqu’à la fin du morceau… L’interlude du nom de « Destination Psych » qui ce modèle avec la très grande présence d’un synthé.

Ce qui est drôle, c’est que le premier titre que le groupe a dévoilé c’est « Beyond Vision ». Par rapport aux autres titres de l’album, c’est celui qui est le plus « classique ». Je veux dire par là qu’il aurait pu figurer sur le précédent album puisqu’il en reprend quasiment les mêmes codes par rapport aux autres titres de cette nouvelle galette. Je soupçonne le groupe d’avoir composé ce titre il y a plusieurs années déjà…

Enfin, l’odyssée prend fin avec « Color Trails » qui est la piste la plus massive de l’album. Si l’introduction peut laisser présager quelque chose de plus calme, dès que la guitare entre en scène on est déjà mis au parfum. Et cela s’accentue avec la présence, au premier plan, d’une batterie et d’une basse qui ne lésinent pas sur les moyens pour se faire entendre, que ce soit à coup de tambour ou de fuzz. L’odyssée sonique se termine par des coups sur les tambours de façon religieuse sur lesquels le Roi Acide quitte la scène…

Que faut-il en retenir ?


Si les fondations ne bougent pas - en même temps, pourquoi bougeraient-elles ? - la bande de Lori S a su insuffler un peu de renouveau avec « Beyond Vision ». Cela vient avec l’apport du synthé qui offre une dimension cinématographique à la musique, mais aussi à travers divers effets qui se distillent tout au long des titres. Le groupe semble pousser son concept encore plus loin, avec des introductions qui s’étirent mais qui permettent à l’auditeur d’entrer pleinement dans son univers. J’ose à peine imaginer ce que cela donne en live, ce sera très probablement un très grand moment de communion entre les artistes et les fans. L’avenir nous le dira, mais j’ai le sentiment que « Beyond Vision » deviendra une référence dans la discographie du groupe, à l’instar de « III »...

 

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